1 Etape clé

L’implantation de la culture est une étape-clé du processus de production. Elle requiert une grande attention et doit, à l’instar d’autres interventions culturales comme la fumure et la protection de la culture, être raisonnée à la parcelle. Le choix de la variété, de la date et de la densité de semis, du mode de travail du sol et sa réalisation correcte et homogène auront des répercussions importantes sur les cultures de céréales. Dans le cadre d’une gestion intégrée des maladies et des ravageurs , le choix variétal , la date de semis et le travail du sol sont les premiers leviers à actionner pour assurer l’état de santé de la culture.

 

Si dans certaines conditions les Techniques Culturales Simplifiées peuvent être utilisées lors de l’implantation, quelques règles simples restent de mise.

2 La date de semis

Ne semez pas trop tôt !

Lorsque les conditions pour le semis sont bonnes dès mi-septembre pour l’escourgeon et fin septembre pour le froment, l’épeautre et le triticale, la tentation est souvent grande de sortir le semoir avant la date de semis recommandée pour les céréales. Cependant, semer trop tôt, c’est mettre sa culture en danger.

 

En effet, avancer la date de semis expose la culture à un certain nombre de risques qui peuvent mener à une augmentation des coûts de protection de la culture et à une diminution du potentiel de rendement. Les risques auxquels sont exposées les cultures dont la date de semis est trop précoce sont les suivants :

 

Risque de transmission et de développement de maladies : un laps de temps trop court entre la récolte d’une céréale et le semis de la céréale suivante augmente le risque de contamination dès l’automne par des maladies cryptogamiques telles que le piétin verse, la septoriose et la rouille jaune présentes sur les résidus et les repousses. De plus, un semis précoce augmente potentiellement le nombre de cycles de développement des pathogènes, les premiers cycles pouvant dès lors avoir lieu en automne.

 

Risque d’enherbement de la parcelle : avancer la date de semis, c’est offrir de bonnes conditions au développement des adventices.

 

Risque de gel et de verse : semer plus tôt que la date recommandée entraine une croissance plus importante de la culture avant l’hiver. Elle peut ainsi atteindre un stade de développement trop avancé qui ne lui permettra pas de résister au gel. Semée plus tôt, la culture va aussi produire un plus grand nombre de talles qui conduiront à une végétation plus dense au printemps et à un risque de verse fortement accru. Une végétation trop drue crée un microclimat plus humide favorable au développement des maladies fongiques.

 

Risque de transmission de viroses : le mois de septembre et le début du mois d’octobre sont la période des vols de pucerons qui peuvent transmettre le virus de la jaunisse nanisante . Semer plus tôt équivaut donc à exposer plus longtemps la culture aux insectes et donc au virus. Si le risque est connu en escourgeon et demande chaque année d’être vigilant, il peut très bien être évité en froment en retardant légèrement la date de semis. Semer les escourgeons à partir de la fin du mois de septembre et les froments après la mi-octobre permet généralement d’éviter 2 traitements insecticides sur les escourgeons et tout traitement insecticide sur les froments. Notez qu’il suffit parfois d’avancer le semis de quelques jours pour exposer la culture

 

En froment

En froment, les semis effectués entre le 10 octobre et le début du mois de novembre constituent le meilleur compromis entre le potentiel de rendement et les risques culturaux.

Dans nos conditions agroclimatiques, le froment d’hiver peut être semé de la première semaine d’octobre jusqu’à la fin décembre, voire même jusqu’en février.

 

  • Les semis très précoces (avant le 10 octobre) présentent quelques désavantages et entraînent sou­vent un accroissement des coûts de protection ;
  • Les semis tardifs (après le 15 novembre), inévitables après certains précédents, sont plus difficiles à réussir parce que :
  • l’humidité généralement importante du sol ne permet pas une préparation soignée ;
  • les conditions climatiques, notamment les températures basses, allongent la durée de levée et en réduisent le pourcentage.

Lorsqu’un travail correct n’est pas possible, il est préférable de reporter l’emblavement de quelques jours, voire de quelques semaines et d’attendre que la préparation du sol et le semis puissent être effectués dans de meilleures conditions. Le retard éventuel du développement de la végétation sera rapidement compensé par de bien meilleures possibilités de croissance de la culture.

Résultats de l’essai « date de semis » en froment d’hiver

Le Tableau 1 reprend les rendements moyens de 19 variétés présentes dans l’essai « dates de semis » réalisé au cours des 13 dernières années à Lonzée. La densité de semis a été adaptée à chaque date de semis. La fumure azotée, le régulateur et les 2 traitements fongicides étaient identiques pour toutes les modalités.

 

On observe qu’en règle générale, le rendement est légèrement plus élevé pour les semis précoces. Ceci ne justifie cependant pas des semis avant la mi-octobre qui pourraient entrainer une hausse des coûts de protection de la culture vis-à-vis des adventices, des maladies et de la verse. En effet, les rendements des semis réalisés aux alentours de la mi-novembre sont encore souvent équivalents à ceux du mois d’octobre, parfois légèrement inférieurs. Seuls les semis très tardifs (janvier, février) sont régulièrement pénalisés mais cette baisse de potentiel de rendement peut être réduite par l’utilisation de variétés mieux adaptées aux conditions de semis tardifs.

Tableau 1 – Influence de la date de semis sur le rendement. Moyennes générales pour les variétés en essais (Lonzée) – Gx-ABT.

Saison Semis octobre Semis novembre Semis décembre et ultérieurs
Date Rdt en qx/ha Date Rdt en qx/ha Date Rdt en qx/ha
2002-2003 11-10-02 98 20-11-02 99 18-12-02 100
2003-2004 17-10-03 99 17-11-03 98 17-12-03 99
2004-2005 13-10-04 109 09-11-04 104 09-12-04 98
2005-2006 19-10-05 104 14-11-05** 95 05-01-06* 94
2006-2007 16-10-06 92 16-11-06 92 15-12-06 85
2007-2008 16-10-07 106 24-11-07 104 29-01-08* 101
2008-2009 14-10-08 117 17-11-08 121 16-12-08 109
2009-2010 19-10-09 104 18-11-09 96 26-01-10* 84
2010-2011 18-10-10 93 22-11-10 90 09-02-11* 80
2011-2012

2012-2013

13-10-11

22-10-12

85

109

22-11-11

15-11-12

88

109

– *

– *

– *

– *

2013-2014 18-10-13 110 18-11-13 106 12-12-13 106
2014-2015 15-10-14 103 13-11-14 102 21-01-15* 99
Moyenne 102 100 96

Unité de Phytotechnie – Gembloux Agro-Bio Tech et CePiCOP « Production intégrée des céréales »

* semis impossible pour des raisons climatiques à la mi-décembre

** attaque importante de mouche grise (essai sans traitement des semences approprié)

 

 

En escourgeon

La période la plus favorable pour le semis de l’escourgeon se si­tue de fin septembre à début octobre.

 

Une date plus précoce ne se justifie pas : tallage excessif en sortie d’hiver, attaques fongiques dès l’automne, risques plus élevés de transmissions de viroses par les pucerons et sensibilité accrue au gel.

 

En retardant le semis, la levée est plus lente et peut demander 15 à 20 jours. Il se peut alors que l’hiver survienne avant que la culture n’ait atteint le stade tallage. Une moins bonne résistance au froid est alors à craindre. A cet inconvénient s’ajoute une réduction de la période consacrée au développement végétatif et génératif avec comme conséquence éventuelle une culture trop claire.

3 La préparation du sol

Il n’existe aucune méthode, aucun outil, aucune combinaison d’outils, aucun réglage qui soit passe-partout. Chaque terre doit être traitée en fonction de ses caractéristiques structurales propres, compte tenu de son historique cultural, de la nature du précédent, de son état au moment de la réalisation de l’emblavement et des conditions climatiques prévues immédiatement après le semis.

 
Quelle que soit la méthode choisie, il convient :

1. de réaliser un état de la situation de la parcelle

2. de choisir les modalités de réalisation (profondeur de travail, outils et réglages)

3. d’effectuer la préparation du sol avec le maximum de soin et dans les meilleures conditions possibles

 

Le travail du sol primaire

Le froment et l’escourgeon étant des cultures peu sensibles à la compacité du sol, le labour ne se justifie généralement pas. Les TCS (Techniques culturales simplifiées) peuvent avantageusement remplacer le labour lorsque l’état du sol le permet (absence d’ornières ou de compaction sévère) et que le matériel de semis employé est compatible avec l’abondance des débris végétaux abandonnés en surface lors de la récolte du précédent.

 

Après les cultures de betteraves, chicorées et pomme de terre récoltées en bonnes conditions, la préparation du sol peut très bien se limiter à la couche superficielle. Pour réaliser cette opération, il n’est pas nécessaire de recourir à l’emploi d’un matériel spécifique, un outil de déchaumage pouvant généralement convenir. Lors de ce travail, il convient toutefois d’éviter autant que possible la formation de lissages à faible profondeur car ceux-ci sont préjudiciables à la pénétration de l’eau et risquent d’occasionner l’engorgement du lit de semences en cas de fortes pluies. Ce phénomène peut en effet conduire à l’asphyxie des jeunes plantules et à leur disparition, et augmente par ailleurs la sensibilité de la culture au gel qui surviendrait éventuellement plus tard. Dès lors, on évitera autant possible d’employer un covercrop ou un outil à pattes d’oies en tant qu’outil de préparation superficielle. Il est recommandé d’employer plutôt un outil à dents étroites, si possible sans ailettes, quitte à travailler le sol sur une profondeur plus importante (entre 15 et ce qui sera favorable à la pénétration de l’eau et au drainage du lit de semences.

 

Après les cultures de céréales et de maïs ensilage récoltées dans de bonnes conditions, les mêmes règles sont d’applications en ce qui concerne le travail du sol. Ces précédents peuvent cependant constituer un risque pour la culture de céréales suivante. La transmission de la fusariose présente sur les résidus de culture de maïs, la présence de repousses de céréales dans la culture de céréale suivante et une plus forte pression de cécidomyies orange dont le taux d’émergence dépend de la profondeur d’enfouissement des larves font partie de ces risques. Le choix de variétés adaptées permettra de limiter ces risques.

 

Lorsque la couche arable a subi au cours des années antérieures une compaction importante, il peut être intéressant de profiter de la préparation du semis de froment pour essayer de réparer les dégâts de structure et d’améliorer l’état structural du sol tout en profitant des avantages qu’une céréale d’hiver procure en termes de conservation et d’amélioration de la fertilité physique : longue période de couverture du sol, colonisation importante et profonde par le système racinaire, assèchement prononcé du profil en fin de végétation et conditions de récolte généralement peu dommageables pour la structure. Dans ce cadre, la préparation du sol sera moins simplifiée et fera appel à la technique du décompactage qui consiste à fissurer et fragmenter la couche arable sur une profondeur équivalente au labour et sans la retourner, à l’aide d’un outil constitué de dents rigides (droites avec ailettes ou courbées) permettant d’atteindre le fond de la couche arable, quelle que soit sa résistance mécanique. Par rapport au labour traditionnel, cette technique présente l’avantage de conserver la matière organique au sein des couches superficielles et peut souvent être réalisée en même temps que la préparation superficielle et le semis. Il convient toutefois de savoir que cette technique ne peut être effectuée correctement et avec des effets positifs sur la structure que si le sol est suffisamment ressuyé au moment de sa réalisation et qu’il ne présente pas d’ornière.

 

Après culture de pomme de terre, une décompaction du sol est particulièrement indiquée. Elle favorise la destruction par le gel des petits tubercules perdus à la récolte et n’enfouit pas en fond de profil, comme le ferait la charrue, l’épaisse couche de terre fine et déstructurée provenant de la formation des buttes et du tamisage intense de la terre au moment de la récolte.

 

Toutefois, le labour reste de mise dans les situations suivantes:

  • lorsque la compaction se situe en profondeur, en dessous de 15 cm. Dans ce cas, le labour permet en effet de ramener en surface les agglomérats compacts qui pourront alors subir l’action des outils de préparation superficielle, les effets éventuels du gel et surtout des alternances humectation/dessiccation ;
  • lorsque des ornières importantes ont été créées lors de la récolte de la culture précédente ;
  • lorsque des résidus d’herbicides rémanents appliqués à la culture précédente doivent être dispersés et dilués dans la couche arable ;
  • lorsque les populations d’adventices telles que vulpin et gaillets sont devenues trop importantes, voire résistantes;
  • après une culture de maïs afin de réduire le risque de fusariose et par conséquent du dépassement de la teneur en DON du grain ;
  • lors de la multiplication de semences.
  • La préparation superficielle

Il faut idéalement (figure 1) :

implantation fig1

Figure 1 – Profil idéal d’une préparation de sol (Arvalis).

  • en surface : assez de mottes pas trop grosses (max. 5-6 cm de diamètre) pour assurer une bonne résistance à la battance due aux effets des précipitations et des gelées hivernales, sans constituer d’obstacle à une émergence rapide des plantules ;
  • sur une épaisseur de quelques cm (5-6 cm maximum) : un mélange de terre fine et de petites mottes afin de garantir un bon contact entre la graine et le sol qui permettra un approvisionnement suffisant en eau de la graine et de la jeune plantule, c’est le lit de semences ; les semences bien couvertes sont également moins exposées aux oiseaux et surtout aux limaces.
  • sous le lit de semences, une couche de terre comprenant des mottes de dimensions variables, tassées sans lissage, sans creux, qui doit permettre, au départ, un drainage du lit de semences en cas de pluies importantes et, par la suite, un développement racinaire sans obstacle.

 

Cette structure donnée par la préparation superficielle du sol permet une circulation rapide de l’eau et de l’air à l’intérieur du lit de semences vers les couches plus profondes afin de satisfaire les besoins de la graine et de la jeune plantule en eau, en oxygène et en chaleur.

 

Règles à respecter dans le cas d’une préparation superficielle du sol

 

  • ne pas travailler le sol dans des conditions trop humides : lissage, tas­sement, sol creux en profondeur, terre fine insuffi­sante sont inévitables en cas d’excès d’eau dans le sol ;
  • la profondeur du lit de semences doit être régulière, pas trop importante, et le sol doit être suffisamment rappuyé pour éviter un lit de semen­ces trop soufflé, qui provoque :
  • l’engorgement en eau du lit de semences en cas de précipita­tions importan­tes ;
  • les phénomènes de déchaus­sements en cas d’alternances de gel-dégel ;
  • le placement trop profond des graines.
    • ne pas travailler trop profondément avec les outils animés ;
    • éviter les sols trop creux ou mal fissurés dans la couche de sol sous le lit de semences grâce à un retassement éventuel effectué entre le travail profond (labour) et la préparation superficielle. Ce retassement peut être obtenu par un roulage, l’utilisation de roues jumelées et d’un tasse-avant ou le passage d’un outil à dents vibrantes travaillant sur 10 cm de profondeur ; une telle opération contrarie les déplacements des larves de mouche grise et limite leurs attaques.
    • bien rappuyer le sol afin de limiter les attaques éventuelles de la mouche grise ;
    • vérifier la qualité du travail effec­tué lors de la mise en route dans chaque parcelle, pour pouvoir, lorsqu’il n’est pas correct, adapter la méthode ou les outils utilisés ;
    • la terre doit, si possible, « reblanchir » après le semis.

 

En escourgeon et orge d’hiver :

 

Les orges demandent une préparation du sol plus soignée que les froments. Il faut veiller lors de la préparation du sol à ce que la terre ait suffisamment de pied pour éviter au maximum les risques de déchaussement pendant l’hiver. Comme, à l’époque du semis, le sol est souvent assez sec, il n’est pas rare de voir des sols trop soufflés, surtout lors d’une mauvaise utilisation d’outils animés.

4 La profondeur de semis

Il faut semer à un ou deux cm de profondeur en veillant à une bonne régularité du placement et à un bon recouvrement des graines.

Un semis trop profond (4-5 cm) :

  • allonge la durée de la levée ;
  • réduit le pourcentage de levée et la vigueur de la plantule ;
  • peut inhiber l’émission des talles.

 

Ainsi, les cultures qui paraissent trop claires, ne tallent pas ou qui marquent un retard de développement au printemps sont souvent la conséquence de semis trop profonds.

 

Ce défaut majeur d’implantation peut être dû à :

  • un travail trop profond de la herse rota­tive ;
  • un retassement insuffisant du sol ;
  • une trop forte pression sur les socs du semoir ;
  • un mauvais réglage des organes as­su­rant le recouvrement des graines ;
  • une trop grande vitesse d’avance­ment lors du semis.

 

Attention, avec de nombreux herbicides , le semis doit être fait à pro­fondeur ré­gulière (2 – 3 cm maximum) et les semences doivent être bien recouvertes afin de garantir la sélectivité des traitements.

 

Le développement homogène de la jeune culture, en grande partie régi par la régula­rité du semis, est aussi nécessaire pour que les stades limites de chaque plantule soient atteints simultanément lors d’éventuels traitements de postémergence au­tomnale.

 

Dans le cas de semis direct sur des terres où la paille a été hachée, la profondeur de semis doit être légèrement augmentée (+ 1 cm) pour que les graines soient bien mises dans la terre.

5 La densité de semis

En froment

Pour exprimer pleinement son potentiel de rendement, il faut que la culture utilise efficacement les ressources mises à sa disposition : lumière, eau, éléments nutritifs (en particulier l’azote). Cette optimisation physiologique au niveau de la plante individuelle exige que la densité de population de la culture soit modérée (400-500 épis/m²). En effet, lorsque la densité est trop élevée, il y a concurrence pour la lumière, et le rendement photosynthétique en est affecté.

 

Avec les variétés récentes, l’accroissement du potentiel de rendement provient principalement de l’amélioration de la fertilité des épis. Cette caractéristique intéressante ne peut pas s’exprimer lorsque la concurrence entre tiges est trop forte.

 

Par ailleurs, un semis trop dense entraine une dépense supplémentaire en semences, un trop grand nombre de tiges favorisant la sensibilité à la verse et le développement des maladies cryptogamiques. Indirectement, un semis trop dense risque donc d’accroître le coût de la protection phytosanitaire.

 

L’objectif est d’obtenir une population d’environ 150 à 200 plantes par m² à la sortie de l’hiver pour les semis précoces et normaux et 200 à 250 plantes par m² pour les semis tardifs.

Au-delà de 250 plantes, quelles que soient les itinéraires de culture mise en œuvre, les rende­ments ne s’accroissent plus et peuvent même fléchir. Ils sont en tout cas plus coûteux à obte­nir.

 

En deçà de 150 plantes, les rendements peuvent encore régulièrement se situer très près de l’optimum. Dans les semis précoces, ou à date normale, la population peut même descendre à près de 100 plantes par m² sans pertes significatives de rendement pour autant qu’elle soit régulière.

Les densités recommandées

 

La densité de semis doit être adaptée en fonction :

 

  • de la date de semis : dans nos régions, pour un semis réalisé en bonnes conditions de sol, les densités de semis recommandées selon l’époque de semis sont reprises dans le Tableau 2 ;
  • Tableau 2 – Densité de semis en fonction de la date de semis.
Dates Densités en grains/m²
01 – 20 octobre 200 – 250
20 – 30 octobre 250 – 300
01 – 10 novembre 300 – 350
10 – 30 novembre 350 – 400
01 – 31 décembre 400 – 450
31 déc. – 28 février 400

 

  • de la préparation du sol et des conditions climatiques qui suivent le semis: pour des semis réalisés dans des condi­tions « limites » (temps peu sûr, longue pé­riode plu­vieuse avant le semis, …), elles peuvent être majorées de 10 %. Au contraire, lorsque les conditions de sol et de climat sont idéales, elles peuvent être réduites de 10 à 20 % ;
  • du type de sol : dans des terres plus froides, plus humi­des, plus argileuses, voire très difficiles (Polders, Condroz), ces densités doivent être majorées de 20 à 50 grains/m².

 

En escourgeon

En conditions normales, la densité de semis de l’escourgeon doit être d’environ 225 grains/m² soit 90 à 120 kg/ha. Pour les variétés hybrides, la densité de semis recommandée est de 175 grains/m².

 

La densité de semis doit être augmentée lorsque le semis est réalisé :

  • dans de mauvaises conditions climatiques ;
  • dans des terres mal préparées ;
  • dans des terres froides (Condroz, Polders, Ardennes) ;

Cet accroissement doit être modéré et, en aucun cas, la densité de semis ne dépas­sera un maximum de 350 grains/m² (soit 140 à 170 kg de semences selon le poids de 1.000 grains).

 

Si les conditions climatiques sont trop défavorables ou si le semis est trop tardif, il est préférable de s’abstenir de semer de l’escourgeon ou de l’orge d’hiver, même à plus forte densité (350 grains/m²). Il sera plus sage de remplacer l’orge d’hiver par du froment, de l’orge de printemps, ou le cas échéant par des pois protéagineux.

 

La densité de semis des variétés d’escourgeons lignées et hybrides

Depuis 2012, nous vous présentons les résultats des essais menés par le POB et l’Unité de Phytotechnie tempérée de Gembloux Agro-Bio Tech sur l’effet de la réduction de la densité de semis sur les variétés d’escourgeon lignées et hybrides (Tableau 3). Cette année, des essais similaires ont été réalisés par l’Unité Stratégies phytotechniques du CRA-W et le CARAH.

 

L’objectif de ces essais est de mettre en évidence les limites d’une réduction de doses de semis qui n’affectera pas le rendement final de la culture. Sachant que le coût des semences des variétés hybrides est nettement plus élevé que celui des variétés lignées, la question est donc de savoir si une partie de ce surcoût peut être amorti par une réduction de la densité de semis de ces variétés hybrides.

 

Pour les essais menés à Lonzée entre 2012 et 2014, les densités de semis testées étaient de 225 gr/m² (ce qui correspond à la densité normale pour les variétés lignées), 175 gr/m² (ce qui correspond à la densité de semis recommandée pour les variétés hybrides), 125 gr/m² et 75 gr/m².

 

Tableau 3 – Comparaison de l’influence de quatre densités de semis (de 75 à 225 grains/m²) sur le rendement (en qx/ha) de variétés lignées et hybrides en escourgeon. GxABT – Lonzée 2012 à 2014.

 

Les essais menés par le CRA-W et le CARAH ont comparé cette année des densités de semis allant de 100 % de la dose de semis (soit 225 gr/m²) à 25 % de cette dose de semis. Les variétés lignées Meridian, Unival et Roseval et les variétés hybrides Volume, Zzoom et Hobbit ont été testées par le CRA-W à Momalle et Temploux. Le CARAH a testé les variétés Meridian et Volume. Les résultats obtenus pour les variétés lignées et hybrides sont présentés séparément dans le Tableau 4 et sont exprimés en pourcent par rapport à la moyenne des rendements du lieu de l’essai.

 

Les résultats des essais réalisés au cours des 4 dernières années montrent très clairement qu’il est possible de diminuer les densités de semis jusqu’à 50% de la dose recommandée sans qu’il n’y ait de diminution significative du rendement, que ce soit avec les variétés lignées ou hybrides. De telles observations avaient déjà été obtenues sur les variétés de froment hybride et sont valables en conditions de semis idéales et avec un semoir précis et parfaitement réglé. De plus, les effets peuvent être variables selon les conditions climatiques de l’année et il convient donc de rester prudent et de ne pas diminuer exagérément les densités de semis. Réduire la dose de semis à 75% de la dose conseil est dans la plupart des cas envisageable sans prendre trop de risques.

Tableau 4: Comparaison de l’influence de quatre densités de semis variant de 100% à 25% de la densité recommandée pour les variétés lignées sur le rendement (en pourcent par rapport à la moyenne de l’essai) de variétés lignées et hybrides en escourgeon.

implatation tab4

 

Ces essais mettent également en évidence qu’une culture à l’aspect clairsemé à la levée ne nécessite que rarement un nouveau semis ; la culture a suffisamment de capacités de rattrapage et un semis à trop faible densité ou un problème lors de la levée ne signifie pas nécessairement une perte importante de rendement en fin de culture.

 

Enfin, au-delà des possibilités de réduction de densités de semis, l’essai mené en 2014 à Lonzée avait également permis de mettre en évidence l’absence d’interaction entre la densité de semis et la fumure au tallage ; un semis à plus faible densité ne nécessite donc pas une fumure plus importante au tallage.

 

 
Une densité de semis renforcée ne peut pallier ni une mauvaise préparation du sol, ni une faible qualité de la semence.

  • Remarques
    • La qualité des semences est primordiale. Les densités de semis préconisées ne sont, bien sûr, valables que pour des se­men­ces convenablement désinfectées dont le pouvoir et l’éner­gie ger­minative sont excel­lents. Pour des lots de semences à moins bonne énergie germinative, les densités doivent évidemment être adaptées en fonction du pouvoir germinatif.
    • Ces densités de semis (Tableau 4) sont données en grains/m² et non en kg/ha parce que sui­vant l’année, la variété, les lots de semences, le poids des grains peut varier assez sensiblement.
    • Pour les variétés hybrides, les densités de semis doivent être réduites de 30 à 40 % par rapport aux densités préconisées pour les variétés lignées et cela quelle que soit l’époque de semis.

 

Tableau 5 – Quantités de semences en kg/ha nécessaires pour une densité donnée en fonction du poids de 1.000 grains.

Poids de 1.000

grains en g

Densité en grains/m²
175 200 225 250 275 300 325 350 375 400 425 450
40 70 80 90 100 110 120 130 140 150 160 170 180
42 74 84 95 105 116 126 137 147 158 168 179 189
44 77 88 99 110 121 132 143 154 165 176 187 198
46 81 92 104 115 127 138 150 161 173 184 196 207
48 84 96 108 120 132 144 156 168 180 192 204 216
50 88 100 112 125 137 150 162 175 187 200 212 225
52 91 104 117 130 143 156 169 182 195 208 221 234
54 95 108 122 135 149 162 176 189 203 216 230 243
56 98 112 126 140 154 168 182 196 210 224 238 252

Voir aussi la rubrique « Traitements des semences » dans le chapitre « Protection des semis et des jeunes emblavures »