La préparation du sol avant le semis
Il n’existe aucune méthode, aucun outil, aucune combinaison d’outils, aucun réglage qui soit passe-partout. Chaque terre doit être traitée en fonction de ses caractéristiques structurales propres, compte tenu de son historique cultural, de la nature du précédent, de son état au moment de la réalisation de l’emblavement et des conditions climatiques prévues immédiatement après le semis.
Quelle que soit la méthode choisie, il convient :
- de réaliser un état de la situation de la parcelle;
- de choisir les modalités de réalisation (profondeur de travail, outils et réglages);
- d’effectuer la préparation du sol avec le maximum de soin et dans les meilleures conditions possibles.
Le travail du sol primaire
Le froment et l’escourgeon sont des cultures peu sensibles à la compacité du sol. Mis à part dans quelques situations problématiques, le labour ne se justifie généralement pas avant l’implantation de ces cultures. Les Techniques Culturales Simplifiées (TCS) peuvent avantageusement remplacer le labour lorsque l’état du sol le permet (absence d’ornières ou de compaction sévère) et que le matériel de semis employé est compatible avec l’abondance des débris végétaux abandonnés en surface lors de la récolte du précédent.
Travail du sol simplifié
Après les cultures de betteraves, chicorées et pomme de terre récoltées en bonnes conditions, la préparation du sol peut très bien se limiter à la couche superficielle. Pour réaliser cette opération, il n’est pas nécessaire de recourir à l’emploi d’un matériel spécifique, un outil de déchaumage pouvant généralement convenir. Lors de ce travail, il convient toutefois d’éviter autant que possible la formation de lissages à faible profondeur car ceux-ci sont préjudiciables à la pénétration de l’eau et risquent d’occasionner l’engorgement du lit de semences en cas de fortes pluies. Ce phénomène peut en effet conduire à l’asphyxie des jeunes plantules et à leur disparition, et augmente par ailleurs la sensibilité de la culture au gel qui surviendrait éventuellement plus tard. Dès lors, on évitera autant que possible d’employer un covercrop ou un outil à pattes d’oies comme outil de préparation superficielle. Il est recommandé d’employer plutôt un outil à dents étroites, si possible sans ailettes, quitte à travailler le sol sur une profondeur plus importante (entre 15 et 18 cm), ce qui sera favorable à la pénétration de l’eau et au drainage du lit de semences.
Après les cultures de céréales et de maïs ensilage récoltées dans de bonnes conditions, les mêmes règles sont d’application en ce qui concerne le travail du sol. Ces précédents peuvent cependant constituer un risque pour la culture de céréale suivante. La transmission de la fusariose présente sur les résidus de culture de maïs, la présence de repousses de céréales dans la culture de céréale suivante et une plus forte pression de cécidomyies orange dont le taux d’émergence dépend de la profondeur d’enfouissement des larves font partie de ces risques. Le choix de variétés adaptées permettra de limiter ces risques.
Lorsque la couche arable a subi au cours des années antérieures une compaction importante, il peut être intéressant de profiter de la préparation du semis de froment pour essayer de réparer les dégâts de structure et d’améliorer l’état structural du sol tout en profitant des avantages qu’une céréale d’hiver procure en termes de conservation et d’amélioration de la fertilité physique : longue période de couverture du sol, colonisation importante et profonde par le système racinaire, assèchement prononcé du profil en fin de végétation et conditions de récolte généralement peu dommageables pour la structure. Dans ce cadre, la préparation du sol sera moins simplifiée et fera appel à la technique du décompactage qui consiste à fissurer et fragmenter la couche arable sur une profondeur équivalente au labour et sans la retourner, à l’aide d’un outil constitué de dents rigides (droites avec ailettes ou courbées) permettant d’atteindre le fond de la couche arable, quelle que soit sa résistance mécanique. Par rapport au labour traditionnel, cette technique présente l’avantage de conserver la matière organique au sein des couches superficielles et peut souvent être réalisée en même temps que la préparation superficielle et le semis. Il convient toutefois de savoir que cette technique ne peut être effectuée correctement et avec des effets positifs sur la structure que si le sol est suffisamment ressuyé au moment de sa réalisation et qu’il ne présente pas d’ornières.
Après culture de pomme de terre, un décompactage du sol est particulièrement indiqué. Il favorise la destruction par le gel des petits tubercules perdus à la récolte et n’enfouit pas en fond de profil, comme le ferait la charrue, l’épaisse couche de terre fine et déstructurée provenant de la formation des buttes et du tamisage intense de la terre au moment de la récolte.
Labour
Toutefois, le labour reste de mise dans les situations suivantes:
- lorsque la compaction se situe en profondeur, en dessous de 15 cm. Dans ce cas, le labour permet en effet de ramener en surface les agglomérats compacts qui pourront alors subir l’action des outils de préparation superficielle, les effets éventuels du gel et surtout des alternances humectation/dessiccation;
- lorsque des ornières importantes ont été créées lors de la récolte de la culture précédente;
- lorsque des résidus d’herbicides rémanents appliqués à la culture précédente doivent être dispersés et dilués dans la couche arable;
- lorsque les populations d’adventices telles que vulpin et gaillets sont devenues trop importantes, voire résistantes;
- après une culture de maïs afin de réduire le risque de fusariose et par conséquent du dépassement de la teneur en DON du grain;
- lors de la multiplication de semences.
La préparation superficielle
La préparation superficielle concerne la couche supérieure du sol. C’est dans cette couche d’une dizaine de centimètres que la graine va devoir rencontrer les conditions favorables à sa germination et puis au développement de la jeune plantule.
Il faut idéalement:
- en surface : assez de mottes pas trop grosses (max. 5-6 cm de diamètre) pour assurer une bonne résistance à la battance due aux effets des précipitations et des gelées hivernales, sans constituer d’obstacle à une émergence rapide des plantules;
- sur une épaisseur de quelques cm (5-6 cm maximum) : un mélange de terre fine et de petites mottes afin de garantir un bon contact entre la graine et le sol qui permettra un approvisionnement suffisant en eau de la graine et de la jeune plantule, c’est le lit de semences ; les semences bien couvertes sont également moins exposées aux oiseaux et surtout aux limaces;
- sous le lit de semences, une couche de terre comprenant des mottes de dimensions variables, tassées sans lissage, sans creux, qui doit permettre, au départ, un drainage du lit de semences en cas de pluies importantes et, par la suite, un développement racinaire sans obstacle.
Cette structure donnée par la préparation superficielle du sol permet une circulation rapide de l’eau et de l’air à l’intérieur du lit de semences vers les couches plus profondes afin de satisfaire les besoins de la graine et de la jeune plantule en eau, en oxygène et en chaleur.
Règles à respecter lors de la préparation superficielle du sol
- ne pas travailler le sol dans des conditions trop humides : lissage, tassement, sol creux en profondeur, terre fine insuffisante sont inévitables en cas d’excès d’eau dans le sol;
- la profondeur du lit de semences doit être régulière, pas trop importante, et le sol doit être suffisamment rappuyé pour éviter un lit de semences trop soufflé, qui provoque :
- l’engorgement en eau du lit de semences en cas de précipitations importantes;
- les phénomènes de déchaussements en cas d’alternances de gel-dégel;
- le placement trop profond des graines.
- ne pas travailler trop profondément avec les outils animés;
- éviter les sols trop creux ou mal fissurés dans la couche de sol sous le lit de semences grâce à un retassement éventuel effectué entre le travail profond (labour) et la préparation superficielle. Ce retassement peut être obtenu par un roulage, l’utilisation de roues jumelées et d’un tasse-avant ou le passage d’un outil à dents vibrantes travaillant sur 10 cm de profondeur ; une telle opération contrarie les déplacements des larves de mouche grise et limite leurs attaques. Il en est de même en ce qui concerne les limaces qui sont plus actives lorsque le sol présente des creux dans et sous le lit de semences;
- bien rappuyer le sol afin de limiter les attaques éventuelles de la mouche grise;
- vérifier la qualité du travail effectué lors de la mise en route dans chaque parcelle, pour pouvoir, lorsqu’il n’est pas correct, adapter la méthode ou les outils utilisés;
- la terre doit, si possible, « reblanchir » après le semis.
En escourgeon et orge d’hiver :
Les orges demandent une préparation du sol plus soignée que les froments. Il faut veiller lors de la préparation du sol à ce que la terre ait suffisamment de pied pour éviter au maximum les risques de déchaussement pendant l’hiver. Comme, à l’époque du semis, le sol est souvent assez sec, il n’est pas rare de voir des sols trop soufflés, surtout lors d’une mauvaise utilisation d’outils animés.